3 habitudes essentielles pour être un musicien zen au quotidien
La musique est une discipline exigeante, aussi bien pour le corps que pour l’esprit. Mais c’est aussi une source de bonheur et d’épanouissement importante.
Pour beaucoup d’entre nous, la musique occupe le premier plan de notre vie. Et nous passons chaque jour plusieurs heures à travailler notre instrument.
De la frustration de ne pas réussir à jouer ce que l’on veut, à la joie intense procurée par le fait de transmettre des émotions, la palette de ce que nous pouvons ressentir est immense.
Alors pour rester zen au quotidien et progresser efficacement, il faut apprendre à bien se connaître et à écouter son corps.
Comprendre où sont nos forces et nos limites. Comprendre comment utiliser nos forces pour dépasser nos limites. Puis apprendre à maîtriser les principes cognitifs qui déclenchent les progrès.
Voici 3 habitudes indispensables qui feront de vous un musicien zen et épanoui.
Cet article participe à l’événement “3 habitudes indispensables pour être zen au quotidien” du blog Habitudes Zen. C’est un blog que j’apprécie beaucoup, et mon article préféré est celui-ci.
Sommaire
Habitude #1 : travaillez votre instrument en pleine conscience
Lorsque vous travaillez votre instrument, restez focalisé sur ce que vous êtes en train de faire.
Ne laissez pas votre esprit vagabonder.
Concentrez-vous afin d’avoir la pleine conscience du mouvement que vous exécutez.
Ne travaillez pas de manière mécanique en faisant autre chose ou même en pensant à autre chose.
Mais observez avec attention ce qui se passe, les tensions qui apparaissent dans les épaules, les mains ou les avant-bras.
Restez à l’écoute de vos sensations.
Lorsque vous travaillez un mouvement et que certains de vos muscles sont tendus ou crispés, votre cerveau mémorise les tensions comme partie intégrante de ce mouvement. Vous reproduirez par conséquent ce mouvement toujours avec les mêmes tensions.
Les effets d’une telle pratique se traduisent par un manque de souplesse, des problèmes de synchronisation entre les mains et une vélocité en berne. Si vous peinez à jouer de façon parfaitement fluide, ou que certains mouvements vous posent toujours problèmes après plusieurs années de pratique, pensez-y !
La mémorisation des tensions comme partie intégrante des mouvements se produit généralement lorsque l’on travaille mécaniquement, sans prêter attention à ce que l’on fait, ou que la conscience que l’on a de son propre corps n’est pas assez expérimentée pour acter la présence des diverses tensions.
Commencez par prendre le temps de respirer lorsque vous jouez. Vous allez probablement vous rendre compte que vous passez parfois plusieurs mesures en apnée ! Et ça pour mémoriser, ce n’est pas bon du tout ! Le cerveau a besoin d’oxygène.
En travaillant en pleine conscience, vous habituez vos sens à percevoir ce qui se produit dans votre corps. Il devient alors possible de détendre les muscles et de gérer la respiration au rythme de la musique. Prêtez attention à tous vos muscles, du visage aux pieds, en passant par le cou, les lombaires, les abdominaux et les jambes.
Par ailleurs, lorsque vous étudiez en pleine conscience, vous progressez plus rapidement et surtout plus efficacement.
Une bonne concentration aide notre cerveau à enregistrer plus rapidement en mémoire à long terme ce que nous faisons. Ce qui permet également de limiter la répétition souvent intensive de certains mouvements.
Dans son ouvrage Deep Work, Cal Newport utilise le terme de travail en profondeur pour qualifier cet état d’intense concentration.
Plus la concentration est intense et plus la conscience du corps permet de ressentir les sensations liées aux mouvements.
Et c’est ce principe qui permet d’effectuer un travail de grande qualité.
En étudiant de manière concentrée, vous déclencherez plus rapidement des automatismes vous permettant d’atteindre d’autres niveaux de difficulté.
Combien d’automatismes un guitariste comme Yamandu Costa peut-il avoir ? Probablement beaucoup. Et cela lui permet de se concentrer sur un point essentiel, la musique qu’il produit.
C’est de la maîtrise de vos mouvements que naîtra un son musical. Ce que vous jouerez ne sera plus un enchaînement mécanique mais le reflet des émotions que vous transmettrez.
Dès l’instant ou vous pensez à autre chose, que vous n’êtes plus à ce que vous faites, alors ce que vous faites ne sert plus à rien.
Vous êtes absent. Votre cerveau est passé en mode automatique.
Une étude menée en 2012 par l’université de Californie rapporte que le temps de concentration moyen pour un adulte effectuant une tâche intellectuelle est de seulement 3 minutes !
Les principales raisons évoquées sont de deux ordres : matériel d’une part, en raison par exemple de la présence d’un écran ou d’un smartphone, mais aussi interne, lorsque notre conscience laisse ressurgir des soucis personnels.
Si cela se produit, faites une petite pause, des étirements, respirez puis reprenez.
Chaque fois qu’une pensée ou une envie de distraction vous traverse l’esprit, essayez d’identifier l’origine de cette pensée ou de cette envie. Puis, décidez s’il est raisonnable ou non d’obéir à cette proposition, voire de la reporter à plus tard.
En prenant systématiquement conscience de ce qui détourne votre attention, il devient alors possible d’apprivoiser ce mécanisme cérébral.
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Rester concentré implique d’avoir un objectif clair, simple et parfaitement défini.
Plus un objectif est flou et/ou complexe, et moins votre système exécutif sera capable de maintenir une attention soutenue.
Par conséquent, si vous ne parvenez pas à maintenir la pleine conscience de vos mouvements, raccourcissez l’exercice, simplifiez-le. Réduisez-le par exemple à seulement deux pulsations. Puis faites une pause après quelques minutes d’un travail d’intense concentration.
Votre concentration doit être suffisamment forte pour que vous puissiez prendre conscience de toutes les sensations qui permettent de correctement contrôler les mouvements de vos doigts.
Les grands musiciens sont très attentifs à ce qu’ils font. Avec le temps et la pratique, ils deviennent conscients de sensations corporelles inaccessibles à la plupart des gens.
Maîtriser la guitare n’est pas qu’une question de temps de pratique. Passer plusieurs heures sur son instrument sans prêter attention aux détails qui comptent, n’apporte rien. Mieux vaut pratiquer peu mais bien et surtout dans un état de concentration intense.
Il existe un neuromythe qui parle de lui-même et dont l’origine est une mauvaise interprétation d’une conclusion de K. Anders Ericsson : les 10 000 heures de pratique qui permettraient de devenir un expert.
Tout d’abord, la fourchette indiquée par K. Anders Ericsson est de 4 500 heures à 25 000 heures.
Et 10 000 heures de mauvaise pratique, sans concentration et en dehors du concept de pratique délibérée, ne produiront jamais une quelconque expertise.
Pour progresser efficacement à la guitare et en musique plus généralement, il n’y a pas de secret, il faut travailler concentré !
Habitude #2 : apprenez à entretenir votre capacité de concentration
La capacité à se concentrer est une aptitude qui s’entretient.
Notre esprit est sans cesse en mouvement. Il se passe toujours quelque chose dans notre tête. Et pour être efficace, il faut apprendre à l’esprit à se reposer.
Il faut apprendre à vivre dans le moment présent, et ne pas sans cesse anticiper ce que sera demain.
Lorsque vous jouez de la guitare, vivez pleinement ce que vous faites.
Soyez présent !
Prenez conscience que les problèmes formulés par l’esprit ne sont que les problèmes de l’esprit.
La plupart sont sans importance et ne requièrent aucune attention.
L’esprit aime être dans la résolution de problèmes. C’est pour ainsi dire le mode de fonctionnement qui justifie son existence. L’esprit ne vit que par et pour le film qu’il se projette et ignore l’essence même de l’instant présent. Mais seul le présent existe réellement. Le passé n’existe plus et le futur n’est pas écrit.
Par ailleurs, les distractions numériques sont des sources très attirantes pour un esprit qui cherche constamment le mouvement et la nouveauté.
Et c’est là un piège parfois difficile à contrôler, qui non seulement occupe l’esprit mais utilise également une précieuse denrée, l’attention dirigée dont nous avons tant besoin.
L’attention dirigée qui permet de contrôler les mouvements des doigts avec précision et d’avoir la pleine conscience des sensations corporelles, est malheureusement limitée.
Pour un esprit peu entraîné, le temps de concentration maximal est d’environ 1h30 par jour. Alors que pour un expert, cela peut aller jusqu’à 4h.
Chaque fois que vous surfez sur la toile, que vous consultez votre messagerie ou que vous regardez défiler mécaniquement les posts de votre mur Facebook, vous consommez de l’attention dirigée.
Gérer correctement les distractions numériques devient alors fondamental pour préserver l’attention et progresser en musique.
Planifiez des plages horaires fixes et limitées dans la journée pour surfer, lire vos mails ou passer du temps sur les réseaux sociaux.
Et prenez l’habitude de méditer !
Il y a si peu d’habitudes avec un rapport temps / bénéfices aussi important qu’il ne faut pas passer à côté sous quelques prétextes que ce soit.
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Méditer permet de prendre conscience du corps et des pensées qui nous traversent puis de les observer sans jugement. Avec un peu d’entraînement, il devient plus facile de relativiser l’importance de nos pensées et de réduire l’impact de ces dernières sur le plan émotionnel.
Mais une bonne faculté de concentration nécessite de disposer de toutes les ressources cognitives.
Et pour cela, il faut pratiquer une activité physique régulière, avoir une alimentation saine et adaptée, avoir un sommeil réparateur et des moments de réelle détente, loin des écrans.
Tous ces gestes, aussi simples soient-ils, produisent de grands effets sur la concentration.
Alors ne vous en privez pas !
La musique n’est pas qu’une affaire de technique, de partitions et de connaissances.
La musique et les sons que vous produisez, les émotions que vous transmettez, sont le résultat de votre être dans sa globalité.
Alors devenez un musicien concentré !
Habitude #3: laissez du temps à votre cerveau pour consolider
Après avoir effectué un exercice en pleine conscience, laissez-vous du temps.
Faites une petite pause de façon à ce que votre cerveau puisse traiter l’information et la stocker dans la mémoire à long terme.
Durant cette pause, faites quelque chose de simple qui ne requiert aucune attention.
Vous pouvez par exemple fermer les yeux, et compter 10 cycles d’inspiration et d’expiration.
Faites des étirements, ou baladez-vous quelques minutes.
Mais surtout, n’utilisez pas votre smartphone !
Surfer sur la toile ou les réseaux sociaux captive de l’attention dirigée, et empêche la consolidation. Par ce simple geste, devenu presque anodin, vous risquez de perdre tous les efforts que vous venez de fournir.
Est-ce vraiment ce que vous souhaitez ?
Cette capacité de notre cerveau à consolider les informations immédiatement lors d’une courte pause est une découverte relativement récente.
Il s’agit en effet des résultats d’une expérience menée en 2021 par Ethan Buch du National Institutes of Health.
Lors de cette expérience, Ethan Buch et son équipe ont mesuré l’activité cérébrale de 33 volontaires à qui il était demandé de mémoriser un code à 5 chiffres en le tapant sur un clavier en boucle durant 10 secondes puis de faire une pause de 10 secondes.
L’activité cérébrale durant les 10 secondes de pause a montré que le cerveau répétait la séquence en accéléré en moyenne 25 fois.
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Ce qui signifie qu’une courte pause accélère le processus d’apprentissage et de mémorisation, y compris au niveau moteur.
La pause permet également d’éviter ce que Sophie Leroy, professeur d’administration des affaires, nomme le reste d’attention.
En effet, lorsque l’on passe d’une tâche à une autre, notre cerveau ne bascule pas immédiatement sur la nouvelle tâche ou le nouvel exercice.
Une partie de l’attention reste fixée à ce que nous venons juste de faire. Par conséquent, nous ne disposons pas de ressources cognitives immédiatement disponibles pour la nouvelle tâche ou le nouvel exercice.
Une micro-pause durant laquelle nous n’utilisons pas notre capacité attentionnelle, permet à l’esprit de se détacher de ce qui vient d’être fait et de se préparer pour l’exercice suivant, tout en consolidant ce qui vient d’être étudié !
Alors pour être un musicien zen, faites des pauses !